Nous arrivons sans doute à la croisée des
chemins pour notre monde associatif en particulier
et pour les corps intermédiaires en général. Nos
associations font l'objet de campagnes de
dénigrement et de menaces proférées par certains
élus, comme feu Fabrice Marchiol qui déclarait il
y a peu "Notre stratégie va être de vous assécher
financièrement pour que les militants qui sont
employés par vos structures n’aient plus le temps
de mener des recours et de faire des actions
contre les projets économiques que nous défendons
localement. Vous avez choisi les tribunaux et les
recours pour mener un certain nombre d’actions
contre nous, nous choisirons avec nos méthodes de
faire en sorte que nos adversaires n’aient plus
les moyens d’être nos adversaires...". Nous avons
entendu et parfois lu des propos de la sorte de la
part de certains candidats pendant la campagne
électorale ; aussi, il me semble utile de brosser
un tableau plus juste de nos structures
associatives.
La FRAPNA, comme la LPO et d'autres
Associations de Protection de la Nature et de
l'Environnement agréées, emploie un certain nombre
de salariés, ce qui induit des dépenses de
fonctionnement qui ne sont pas couvertes par les
seules activités propres de l'association. Cette
structuration, basée sur la complémentarité de
l'expertise technique des salariés et de
l'expertise militante des bénévoles, nous permet
d'occuper une place toute particulière en tant que
représentant de la sensibilité environnementale de
la population vis à vis des pouvoirs publics et
des porteurs de projets. Concrètement, vis à vis
de l'administration et des élus, ce positionnement
se traduit le plus souvent en accompagnement des
politiques publiques environnementales, en
expertise critique et concertation sur les
projets, leviers pour la mise en œuvre des bonnes
pratiques et le changement des comportements. Ces
missions d'intérêt général ne sont évidemment
possibles qu'avec un soutien de l'Etat et des
collectivités territoriales car, contrairement aux
fédérations de chasseurs ou de pêcheurs ou encore
sportives, nous n'avons pas de revenu parafiscal
ou de dotations de fonctionnement. Parfois,
lorsque les projets sont passés en force et que
nous estimons que le droit est violé, nous
saisissons les tribunaux, qui souvent nous donnent
raison ! C'est cet exercice du contre-pouvoir si
nécessaire à la démocratie qui fait débat chez
certains élus.
Au-delà de la petitesse du geste et d'une
conception étroite de la démocratie, il serait un
leurre de croire que si l'on "asséchait" les
associations, on les réduirait au silence. C'est
oublier que nos bénévoles donnent leur temps
gratuitement... Ce qui arriverait, ce serait bien
évidemment un changement radical de nos moyens et
donc de nos modes d'actions. Faute de pouvoir
accompagner les politiques publiques, de
participer à la concertation et d'être force de
propositions, nous nous tournerions vers des modes
d'actions plus "contestataires", avec un recours
sans aucun doute beaucoup plus fréquent au
tribunal et à d'autres modes d'expression qui
risquent de déplaire.
Mesdames et Messieurs les élus, "la balle est
dans votre camp", à vous de décider car tel est
votre rôle dans notre République. De grâce, ne
prenez pas pour prétexte simpliste l'état des
finances publiques, car sur le budget de plus de
trois milliards d'euros de la future région
Auvergne Rhône-Alpes - AURA, à peine 1,5% vont à
l'environnement et une goutte d'eau à la FRAPNA !
C'est donc bien d'un choix politique qu'il s'agit
et vous devez être conscients de ce qu’il
implique, tant en termes de signal donné que très
directement en termes d'emploi et de formation de
nos cent jeunes salariés.
Eric FERAILLE, Président régional de la
FRAPNA
EN SAVOIR PLUS SUR LA FRAPNA : http://www.frapna.org/ |